Au vu des
conclusions du GECU, l’Anses précise que, « à la lumière des connaissances
scientifiques disponibles, il n’existe aucune preuve que les animaux de
compagnie et d’élevage jouent un rôle dans la propagation du virus
SARS-CoV-2 ». Une infection par la consommation de denrées alimentaires
d’origine animale, issues d’animaux contaminés, a donc été exclue par l’Agence.
Quid de la contamination des aliments
par voie féco-orale ?
Il existe des formes bénignes ou asymptomatiques de la COVID-19,
difficiles à détecter. Les personnes présentant des formes légères sont
susceptibles de contaminer les aliments. Les deux modes de contamination
évalués par le GECU sont la transmission par voie féco-orale et celle via des gouttelettes déposées sur les
aliments.
Concernant la voie féco-orale, selon les experts du GECU, la présence d’ARN
viraux du SARS-CoV-2 dans les selles de patients a été constatée. Toutefois, à
ce jour, si deux études ont permis de cultiver le virus SARS-CoV-2 à partir
d’échantillons de selles, aucun cas de transmission féco-orale de COVID-19 n’a
encore été signalé. Afin de démontrer une possible transmission féco-orale, des
informations supplémentaires, telles que l’infectiosité des virus détectés dans
les selles et leur quantification, seraient nécessaires. Par ailleurs, un bon
respect des règles générales d’hygiène quotidienne, telles que le lavage régulier
des mains et celui, systématique, après passage aux toilettes, permet de
prévenir la voie d’exposition féco-orale.
Possibilité de contamination d’un
aliment par transfert de gouttelettes : respecter les mesures d’hygiène
Le passage du virus d’une personne infectée vers les aliments peut se produire
par un éternuement, une toux ou un contact direct avec des mains souillées, en
déposant des gouttelettes sur l’aliment ou sur une surface de contact ou des
ustensiles (planche à découper, assiette, etc.).
Cependant, compte tenu de la faible capacité de survie des coronavirus aux
opérations de nettoyage et de désinfection, de l’absence de données indiquant
que le SARS-CoV-2 se comporte différemment des autres coronavirus, et à
condition d’appliquer les bonnes pratiques d’hygiène et des procédures de
nettoyage et de désinfection dans le contexte des industries agroalimentaires
et à domicile, la contamination des
aliments par les surfaces est, pour les experts du GECU, en principe maîtrisée.
Le lavage des mains avec du savon avant et pendant la préparation des repas est
une mesure essentielle. Ce lavage doit avoir lieu après tout geste contaminant
(après avoir toussé, après s’être mouché, etc.).
Cas théorique d’un aliment contaminé
par des gouttelettes
Dans ce scénario théorique, les experts du GECU distinguent deux
cas de figure, en fonction de l’aliment considéré : soit destiné à être
consommé cuit, soit consommé cru ou insuffisamment cuit, sachant que l’aliment
peut être ingéré en l’état ou utilisé comme ingrédient dans un produit élaboré
non destiné à être consommé cuit.
Concernant les aliments cuits, sur la base des données relatives aux
autres virus zoonotiques ou impliqués dans les maladies animales pour la
famille des Coronaviridae, les
experts du GECU concluent que la cuisson (4 minutes à 63°C, la température
utilisée en liaison chaude de restauration des aliments) peut être considérée
comme efficace pour inactiver les coronavirus dans les aliments.
Concernant les aliments crus ou insuffisamment cuits, se pose la double
question de l’infection par voie digestive et celle respiratoire lors de la
mastication.
L’infection par voie digestive
est-elle à envisager ?
Certains patients atteints de COVID-19 présentent parfois des
symptômes gastro-intestinaux. L’hypothèse d’une voie de transmission du
SARS-CoV-2 par voie digestive a été envisagée par plusieurs auteurs sans, pour
le moment, être confirmée ou infirmée. L’ACE2, récepteur du SARS-CoV-2, est
nécessaire pour l’entrée du virus dans les cellules. Il est exprimé dans les
cellules de l’œsophage supérieur et les cellules épithéliales de l’intestin
grêle.
L’infection directe du tractus digestif existe pour certains coronavirus, mais
ceux-ci se caractérisent par des protéines S ayant la capacité de se lier à des
acides sialiques qui les protègent des sucs gastriques. Cette propriété n’a pas
été étudiée pour le SARS-CoV-2.
Le SARS-CoV-2 paraît être un coronavirus à tropisme respiratoire primaire dont
l’atteinte du système digestif pourrait être essentiellement secondaire à sa
diffusion par virémie.
Ainsi, selon les données actuelles, les experts du GECU estiment que les
symptômes gastro-intestinaux existant chez des patients seraient liés, en
premier lieu, à une diffusion systémique du virus entraînant une atteinte du
système digestif, plutôt qu’à une entrée directe par voie digestive. Au vu de ces éléments, la voie de transmission du
SARS-CoV-2 par voie digestive directe a été écartée par les experts du GECU,
dans l’état des connaissances à ce jour.
L’infection par voie respiratoire
lors de la mastication : théoriquement possible
Selon les experts du GECU, un
risque d’infection des voies respiratoires après ingestion d’un aliment
contaminé n’a pas été observé avec des coronavirus, et paraît donc peu probable.
Cependant, en s’appuyant sur des observations faites avec d’autres virus comme
le virus Nipah ou l’influenza aviaire, ce risque n’est pas totalement exclu par
l’OMS ou la FDA. Dans ces cas, la voie d’entrée du virus reste la voie
respiratoire lors de la mastication.
Dans ces conditions, que dire et
recommander aux patients qui s’interrogent ?
En conclusion, les réflexions du GECU pointent uniquement sur un
risque théorique de contamination par un aliment souillé par des gouttelettes,
manipulé ou consommé cru ou insuffisamment cuit (risque théorique de
contamination respiratoire lors de la mastication, ou par contamination
manuportée).
L’information à donner aux patients est donc :
- de laver les aliments pouvant être consommés crus de type fruits et légumes, ou de les laisser reposer quelques jours ;
- de laisser les aliments ne pouvant être lavés (et ne nécessitant pas de réfrigération) reposer à température ambiante pendant une journée ou deux ;
- de ne pas penser que la réfrigération ou la congélation puisse être un moyen de décontamination, au contraire.
Il est également utile de leur rappeler que le risque de contamination par les aliments est infiniment plus faible que celui d’être contaminé par contact avec une personne infectée ou par manque de respect des mesures barrières. Le lavage des mains au savon, en rentrant des courses, après avoir rangé les courses, etc