Chères Consœurs, Chers Confrères,
A l’heure d’aujourd’hui, le Vaucluse reste relativement épargné, comme en témoigne l’absence de saturation des Services d’Urgences et des lits de réanimation, même si l’activité COVID 19 de tous les Confrères semble ascendante.
Par contre, les conduites à tenir et nouvelles procédures continuent à arriver tous les jours.
A. Concernant les chiffres
L’ARS nous a fait parvenir un point de situation au 29 mars 2020 = 49 patients sont hospitalisés en Vaucluse (+ 3 en 24H).
Le taux d’occupation des lits de soins critiques (réanimation) dans le département est de 63 % (250 personnes pour la région PACA).
65 décès sont à déplorer en PACA et 713 personnes sont retournées à domicile.
B. Concernant l’organisation départementale
a. Pour information, le SSR Les Cyprès a été organisé pour devenir un SSR post Covid.
b. Concernant la prise de l’obstétrique au Centre Hospitalier d’Avignon
Le service d’Obstétrique vous propose d’orienter, dans vos cabinets de gynécologie et à la clinique urbain V, le maximum de patientes nécessitant des urgences chirurgicales et consultant habituellement aux urgences obstétricales.
L’Ordre a donc à sa disposition la réorganisation du parcours patiente pour la gynécologie obstétrique et l’orthogénie au Centre Hospitalier d’Avignon.
Tous les médecins intéressés peuvent nous adresser un courriel afin d’obtenir les documents concernés.
c. Concernant les IDELCOVID
Nous vous transmettons deux fiches d’aide à la prescription (1 pour le télé suivi par IDE, quand le médecin souhaite une surveillance rapprochée mais que celle-ci peut se faire à distance par l’IDE habituel(le), et 1 pour l’IDELCOVID, pour les soins présentiels indispensables).
C. Concernant la Clinique
Nous vous remercions de sensibiliser vos secrétariats à la présence possible de signes digestifs, de chutes et de troubles du comportement brutaux chez les personnes âgées dans le COVID 19.
Quelques notions cliniques :
1) A l’heure actuelle, il n’y a pas de corrélation établie, concernant l’anosmie et l’agueusie et les formes bénignes ou graves. Ce n’est pas forcément un symptôme précoce.
2) Il faut favoriser la mesure de la fréquence respiratoire dans l’auto-surveillance chez les patients (pour rappel, une fréquence respiratoire supérieure à 22/minute est un signe de gravité).
3) La saturation : le signe d’alerte semblerait être une saturation au-dessous de 93/94 d’après les différents retours de Confrères.
4) De nombreux médecins nous ont signalé comme symptômes des oppressions thoraciques, des douleurs thoraciques médianes, alors que l’examen cardiopulmonaire s’avère normal. Toutefois, les Confrères Cardiologues préconisent de ne pas hésiter à prescrire une échographie cardiaque à la recherche d’une péricardite, si le patient a une douleur inspiratoire calmée quand il se penche en avant. Entre autres complications, myocardites et syndromes coronaires aigus sont possibles.
5) Les surinfections étant possibles, il ne faut pas hésiter à mettre une antibiothérapie en cas de foyer succédant à l’épisode inaugural.
D. Concernant l’imagerie
Il n’y a aucune indication de radiographie standard dans le COVID 19.
Il n’existe pas d’indication de scanner si le patient suspect de COVID 19 + ne présente aucun signe de gravité (dyspnée, polypnée, désaturation).
Si le patient présente des signes de gravité respiratoire, le scanner thoracique doit être effectué uniquement par le circuit hospitalier habilité (sans injection, sauf si suspicion d’embolie pulmonaire).
Une demande de scanner thoracique peut toujours être faite à une structure non hospitalière dans le cas où il s’agit d’une symptomatologie thoracique hors COVID 19 (exemples : suspicion d’embolie pulmonaire, hémoptysie, douleurs thoraciques, pneumopathie récidivante…).
E. Concernant les traitements hypertenseurs
Il n’y a aucune motivation documentée à stopper les IEC ou les sartans chez les patients stables.
F. Concernant l’hygiène
Pensez à mettre correctement le FFP2 (attention la barbe empêche l’adhésion du masque). Vous pouvez porter le même masque entre 4H et 8H mais le port du masque est pénible = nécessité de faire des pauses à l’air libre, sans l’enlever pour éviter fatigue et céphalées.
En revanche, toujours changer votre masque s’il est souillé, touché avec les mains, ou humide.
Changez de tenue professionnelle tous les jours. Lavez les mains du patient au début de la consultation.
Pensez à désinfecter, en plus des instruments, la surface du bureau et la chaise où s’est assis le patient (si la chaise est en tissus, on peut mettre un drap d’examen avant chaque consultation). N’oubliez pas le lecteur de carte vitale, le terminal CB, votre téléphone portable et vos lunettes si besoin.
G. Concernant les visites
Nous vous transmettons l’expérience des Confrères de SOS Médecins qui ont une importante activité de visites de patients COVID + :
– Faire aérer la pièce avant d’arriver chez les patients.
– Faire désinfecter la surface sur laquelle le médecin posera sa mallette.
– Se munir d’une sur blouse.
– S’équiper d’un sac avec lingettes et gel hydro alcoolique, afin de pouvoir sur site désinfecter les instruments, se laver les mains et laver les mains du patient.
– Rappel : privilégier des tensiomètres à surface lavable.
Après chaque visite et avant d’entrer dans le véhicule, procédez à l’hygiène des mains par solution hydro-alcoolique.
A la fin de toutes les visites, décontaminez le volant et des accessoires du véhicule ayant été touchés.
H. Concernant le traitement par chloroquine
Extrait du communiqué de presse du Conseil National de l’Ordre des Médecins du 27/03/2020 :
Depuis plusieurs jours se développe une polémique entre chercheurs et soignants causant un trouble tant chez les professionnels que chez les citoyens de notre pays.
Le Gouvernement a nommé un groupe d’experts présidés par un Prix Nobel qui va très rapidement apporter des réponses aux questions posées, permettant de définir une stratégie.
Les médecins doivent aujourd’hui attendre la confirmation ou l’infirmation de l’utilité de la prescription de ce traitement.
Il n’y aurait en effet rien de pire pour nos concitoyens que le sentiment d’un espoir déçu ou de voir un traitement avéré efficace, rendu indisponible à la prescription ou à la délivrance par un usage non maitrisé.
De ce fait, nous conseillons à nos Confrères de ville de ne pas prescrire la chloroquine dans l’immédiat.
I. Concernant les tests
Concernant les tests pour vos patients symptomatiques sans signe de gravité mais avec facteurs de risque, nous vous confirmons qu’il peut y avoir des faux négatifs (entre 20 et 30 %), surtout s’ils sont faits trop tôt.
Pour le Laboratoire BIOAXIOME, les médecins prennent rendez-vous pour leurs patients en appelant le Call Center au 04 34 03 95 97. Ils ne doivent pas communiquer le numéro à leurs patients, aucun rendez-vous ne sera pris si le patient appelle lui-même (fiche ci-jointe).
L’offre de soins en ambulatoire s’est enrichie avec le Laboratoire BIO SANTIS sur le site d’Entraigues sur la Sorgue. Téléphone 04 86 19 45 53 par les patients (fiche ci-jointe).
J. Concernant la Téléconsultation et les remplacements
Le remplaçant a toutes les prérogatives du médecin remplacé, y compris la téléconsultation, à condition d’utiliser le matériel de celui-ci.
K. Concernant les arrêts de travail et le secret professionnel
Tout Confrère étant amené à arrêter un patient pour suspicion de COVID se doit au secret professionnel.
Cette attitude est même valable si le patient travaille en EHPAD et Etablissement de soins.
C’est au patient lui-même, ou à la famille de celui-ci s’il est hospitalisé, de prévenir l’employeur.
L. Concernant la CARMF
Certains Confrères symptomatiques se sont avérés COVID négatif, alors que le tableau clinique était évident. Dans l’éventualité d’un faux négatif, ils se doivent d’être tout de même arrêtés 14 jours.
L’arrêt de travail devra être fait par un Confrère et pas par eux-mêmes, il devra alors être accompagné d’une attestation sur l’honneur (information communiquée par le Président de la CARMF).
Pour information, actuellement, l’indemnisation est limitée à 20 jours, sauf hospitalisation.
M. Concernant les impôts
Pour les Entreprises : vous avez la possibilité de demander au service des impôts des entreprises le report sans pénalité du règlement de vos prochaines échéances d’impôts directs (acompte d’impôt sur les sociétés, taxes sur les salaires).
Pour les travailleurs indépendants : vous avez la possibilité de moduler à tout moment le taux et les acomptes de prélèvement à la source. Il est aussi possible de reporter le paiement de l’acompte de prélèvement à la source sur vos revenus professionnels d’un mois sur l’autre jusqu’à trois fois si les acomptes sont mensuels ou d’un trimestre sur l’autre si les acomptes sont trimestriels. Toutes ces démarches sont accessibles via votre espace particulier sur https://www.impots.gouv.fr/, rubrique « gérer mon prélèvement à la source » : toute intervention avant le 22 du mois sera prise en compte pour le mois suivant.
Pour les contrats de mensualisation pour le paiement du CFE ou de la taxe foncière, il est possible de le suspendre sur impots.gouv.fr ou en contactant le centre prélèvement service ; le montant restant sera prélevé au solde, sans pénalité.
Pour faciliter l’ensemble des démarches, la DGFiP met à disposition un modèle de demande disponible sur le site impots.gouv.fr à adresser au service des impôts des entreprises.
https://www.impots.gouv.fr/portail/node/9751
N. Concernant l’ARS
Un espace dédié aux professionnels de santé dans le contexte COVID est mis en ligne sur le site de l’ARS : les médecins en particulier pourront y trouver de l’information sur la prise en charge en ville, TerCOVID, des recommandations pour les soins palliatifs (à venir), le recensement des professionnels de santé volontaires, des informations pratiques pour la garde leurs enfants, arrêts maladie etc. etc.
Ces pages font le lien avec les pages du site du Ministère ou d’autres organisations de référence. Elles seront complétées et mises à jour régulièrement.
https://www.paca.ars.sante.fr/covid-19-espace-pour-les-professionels-de-sante
O. Concernant les victimes de violences
Les patient(e)s victimes ou témoins de violences, peuvent appeler Urgence 114 par visio, tchat, sms, ou fax. Par smartphone, télécharger l’application Urgence 114, par sms composer le 114, par fax envoyer son courrier au 114.
Tout le fonctionnement est expliqué sur le site https://www.info.urgence114.fr/mode-emploi/
P. Conseils psychologiques
Comment réduire la contamination émotionnelle ?
Les patients dépressifs risquent de s’aggraver du fait du confinement et du manque de stimulation. Ceux en Burn Out, eux, peuvent relâcher la pression. Pour tous, le flou des informations est anxiogène. Attention car les réactions émotionnelles sont contagieuses, plus que le COVID-19 ! Les personnalités se révèlent dans les émotions : les bons managers sauront accompagner leurs équipes et les mauvais seront encore pires que d’habitude.
Comment réagir ?
Il ne faut pas passer plus d’1/2 h par jour devant les infos et faire attention à ne pas trop manger ni boire d’alcool. Ecouter de la musique, lire, regarder des films, partager sur les réseaux sociaux, faire de l’exercice chez soi, rester rationnel sans se projeter dans l’avenir et rester le plus possible dans l’instant présent alors que l’avenir est, dans cette situation, inconnu. Voir les opportunités que peut apporter le fait de rester chez soi (faire ce que l’on n’a pas le temps de faire d’habitude, par ex.).
Jamais une pathologie n’aura été sujette à autant d’actualités journalières.
Nous continuerons donc la newsletter au gré des informations.
Bien confraternellement.
Conseil départemental de Vaucluse de l’Ordre des médecins
1898 route de Morières
RN 100
84000 AVIGNON
04.90.03.64.30